La prise de poids, qui survient parfois avec certains traitements, peut conduire à un surpoids ou une obésité et à l’apparition de comorbidités comme un diabète, des apnées du sommeil, voire des pathologies cardiovasculaires. Le plus souvent, elle ne remet pas en question l’effet thérapeutique majeur de ces traitements. Mais parfois, elle contribue à dégrader la qualité de vie et l’observance thérapeutique. D’où l’importance d’un suivi rigoureux et d’un accompagnement.
Pourquoi cette prise de poids ?
Si le mécanisme est généralement une augmentation de l’appétit, associée souvent à une baisse de l’activité physique, certains médicaments jouent sur le métabolisme, comme l’insuline, ou modifient la répartition des graisses dans le corps, comme les antirétroviraux. La prise de poids n’est pas toujours que graisseuse, elle peut aussi impliquer une rétention d’eau et de sel.
Un effet systématique ?
Cela dépend du traitement et de la réaction de chacun en fonction de son terrain génétique. Ainsi, la prise de quelques kilos avec des glucocorticoïdes peut déclencher un diabète de type 2 chez une personne à risque. Certains médicaments, comme les antipsychotiques atypiques, entraînent presque toujours une prise de poids, pouvant aller jusque 20 % en un an. La première cause de mortalité est d’ailleurs cardiovasculaire (l’excès de poids étant un facteur de risque) chez les personnes schizophrènes sous traitement.
Se faire accompagner
Le bénéfice thérapeutique est souvent tel que les kilos pris apparaissent comme « le prix à payer » pour être soigné correctement de sa pathologie. Un suivi du poids et de certains paramètres (pression artérielle, taux de lipides dans le sang...) doit être assuré par le spécialiste ou le médecin traitant, pour limiter autant que possible la prise de poids. Lutter contre l’obésité une fois installée est bien plus complexe. Des programmes d’éducation thérapeutique, avec des ateliers nutritionnels et de l’activité physique, sont proposés dans certains centres hospitaliers ou dans des maisons de santé. Mais en ville, l’offre est très insuffisante. Un véritable accompagnement sur la durée est nécessaire, avec des diététiciens ou des enseignants en activité physique adaptée, malheureusement pas toujours accessibles.
Bon à savoir Après 75 ans, la balance bénéfices-risques du traitement doit être encore plus finement évaluée, car l’obésité peut se conjuguer avec la perte de muscle.
Principaux traitements impliqués
(Molécule Nom de marque)
Anticancéreux
• Tamoxifène Nolvadex
Antidépresseurs et régulateurs de l’humeur
• Amitriptyline Elavil, Laroxyl
• Lithium Téralithe
• Mirtazapine Norset
Antidiabétiques
• Glibenclamide Daonil
• Gliclazide Diamicron
• Glimépiride Amarel
• Glipizide Ozidia
• Insulines Abasaglar, Actrapid, Apidra, Fiasp, Humalog, Insulatard, Lantus, Levemir, Lyumjev, Mixtard, Novomix, Novorapid, Toujeo doublestar/solostar, Tresiba, Umuline
Antiépileptiques
• Acide valproïque/valproate de sodium Dépakine, Dépakote, Micropakine
• Carbamazépine Tégrétol
• Gabapentine Neurontin
Antipsychotiques atypiques
• Aripiprazole Abilify
• Clozapine Leponex
• Olanzapine Zalasta, Zypadhera, Zyprexa
• Rispéridone Risperdal
• Quétiapine Xeroquel
Antirétroviraux (contre le VIH)
• Atazanavir Reyataz
• Bictégravir Biktarvy
• Dolutégravir Tivicay
• Éfavirenz Atripla
• Raltégravir Isentress
• Ritonavir Norvir
Glucocorticoïdes
• Bétaméthasone Betnesol, Célestène
• Budésonide Entocort, Mikicort
• Dexaméthasone Dectancyl
• Méthylprednisolone Médrol
• Prednisolone Solupred
• Prednisone Cortancyl
Thérapies ciblées contre les maladies inflammatoires chroniques
• Adalimumab Amgevita, Humira, Hulio, Hyrimoz, Imraldi
• Etanercept Benepali, Enbrel
• Infliximab Flixabi, Inflectra, Remicade, Remsima
• Tocilizumab RoActemra
• Ustékinumab Stelara
Notes
Liste non exhaustive
→ Expertes consultées : Pr Claire Carette, endocrinologue, Hôpital européen Georges-Pompidou, Paris ; Dr Bérénice Ségrestin, endocrinologue, Hospices civils de Lyon.