Etude Homère : première étude en France, concernant les conditions de vie et les besoins des personnes déficientes visuelles : Bruno Gendron président de la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France est l'invité de 6h20.
Avec Bruno Gendron Président de la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France
Il y a aujourd'hui 400 000 personnes aveugles en France, 1,7 million de déficients visuels, et pour la première fois une étude sociologique s'est intéressée à eux. Elle a été menée par la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France, dont Bruno Gendron est président : "Personne n'avait eu cette idée jusqu'ici, y compris les politiques qui ont besoin de ces données-là pour construire leurs politiques publiques", regrette-t-il. "Nous-mêmes, en tant que collectif associatif, on en a besoin aussi pour construire notre plaidoyer. Je pense que la déficience visuelle est un handicap mal connu, tellement spécifique que finalement on n'est pas dans les radars des pouvoirs publics. Il n'y a, par exemple, pas de plan déficience visuelle en France."
L'étude a interrogé 1865 personnes, pendant un an, sur les transports, la scolarité, les loisirs, la vie sociale... Autant de situations où souvent, les personnes malvoyantes sont plus en difficulté que les aveugles. "La malvoyance, c'est une situation multiforme", explique Bruno Gendron."Il y a plein de formes de malvoyance : quand on est complètement aveugle, c'est "relativement simple". Ce n'est pas simple de le vivre, mais assez simple à gérer. Dans les cas de malvoyance, il y a des gens qui sont par exemple en difficulté par rapport à la lumière, par rapport au contraste des couleurs, qui peuvent regarder devant eux ou au contraire sur les côtés... C'est tellement multiforme que c'est beaucoup plus difficile à prendre en charge. Par ailleurs, quand on est malvoyant, on peut encore faire comme si on voyait, et du coup la prise en charge est moins bonne."
50 % des déficients visuels n'accèdent pas aux dispositifs d'aide
Ce sont aussi des situations qui touchent souvent les personnes âgées, et qui donc se surajoutent aux autres difficultés liées au grand âge. "Lorsqu'on devient âgé, la déficience visuelle augmente, et toutes les techniques de compensation, comme utiliser son bras ou apprendre à se déplacer avec une canne blanche, sont moins faciles à acquérir. Et surtout, 50 % des personnes n'accèdent pas à ces propositions, qui pourtant existent en France !"
Il dénonce le fait qu'il "n'y a pas assez d'aide", mais aussi "le fait que pour demander cette aide il faut se reconnaître comme déficient visuel". "Et il y a aussi une inégalité territoriale. Il y a des départements en France où il n'y a pas de service dédié aux personnes déficientes visuelles."
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source : radiofrance.fr