Éric Chenut, le président de la Fédération nationale de la Mutualité française, lui-même non-voyant, plaide pour que l'activité physique devienne davantage accessible aux personnes en situation de handicap.
L'accueil des athlètes paralympiques du monde entier et la magie de cette édition, nous la vivons avec fierté et beaucoup d'émotions. Les projecteurs sont tournés vers le sport et les personnes en situation de handicap. En cela cette édition est une réussite, elle fait avancer la visibilité, parle des succès et des expériences de vie des personnes touchées par le handicap, des instants si rares dans l'espace médiatique et sociétal.
Mais cette célébration du sport, de la performance et des personnes en situation de handicap ne devrait pas s'arrêter là… Car ce moment festif ne doit pas nous faire oublier l'après et le sujet de l'égalité dans le sport et dans la pratique de l'activité physique du quotidien qui ne peut, ne doit plus être optionnelle mais effective.
L'ambition que les organisateurs se sont fixée sur l'héritage est importante mais il ne faut pas que la dynamique retombe. Le travail est immense sur l'ensemble du territoire pour adapter nos villes, nos équipements, nos transports, nos services publics, nos pratiques, nos entreprises à l'accueil et à l'accessibilité de l'activité physique et sportive pour nous autres, personnes en situation de handicap.
médicament du quotidien
Nous n'avons pas toutes et tous vocation à participer aux jeux paralympiques mais nous avons toutes et tous vocation à bouger ou à pratiquer un sport dans des structures de parasport, en fonction de nos choix et dans le respect de notre autodétermination.
L'importance de l'activité physique pour tous ne doit pas être sous-estimée pour notre santé physique et mentale, elle nous permet de renforcer l'interaction avec les autres, valides ou non.
Ce médicament du quotidien devrait être disponible pour tous. Selon la Fédération française handisport, les personnes en situation de handicap sont 90 % à penser qu'il est nécessaire de pratiquer une activité physique mais aujourd'hui elles sont trop nombreuses à s'en trouver empêchées. Pour lever les verrous et encourager la pratique, la promotion de l'activité physique et sportive et son accessibilité pour ce public sont donc essentielles.
Récemment, à la Mutualité Française dans notre observatoire annuel, nous mettions en lumière l'importance de l'activité physique pour lutter contre le danger de la sédentarité et de l'inactivité pour notre santé (les maladies chroniques et notamment les affections cardio-vasculaires). Cette vérité en population générale est encore plus criante pour les personnes en situation de handicap et particulièrement pour les femmes.
Acteurs et personnes en situation de handicap avons en tête une colère et une déception : la loi de 2005 n'est toujours pas pleinement effective. Dix-neuf ans après, trop d'injustices persistent. L'autodétermination des personnes et l'enjeu de l'inclusion universelle doivent être au cœur de nos préoccupations.
source : lexpress.fr