
Elles existent depuis 30 ans mais restent méconnues en France : les lentilles implantables présentent pourtant de nombreux avantages pour corriger la myopie et d'autres troubles de la vision.
Et si la solution à la myopie sévère était sous nos yeux ? Les spécialistes la qualifient d’épidémie mondiale, elle touche environ un tiers de la population française et pourrait concerner une personne sur deux dans le monde en 2050 : il s’agit de la myopie. Dû à des facteurs génétiques et à nos modes de vie, ce trouble de la vision de loin peut s’avérer handicapant.
On considère une myopie comme sévère en dessous de -6. Les personnes touchées sont souvent victimes d’isolement social, d’angoisses, de problèmes économiques et de dépendance à leur correction.
Quel type de traitement pour corriger la myopie ?
Or, les solutions existantes ne sont pas toujours idéales, surtout pour la myopie sévère. Les lunettes sont parfois peu pratiques, surtout pour faire du sport ou en cas de froid ou de pluie. De plus, elles sont presque impossibles à porter pour les myopes sévères : les verres sont énormes (les fameux “culs de bouteille”) et déforment la vision.
Les lentilles de contact restent une très bonne solution pour la myopie sévère, et permettent d’éviter les soucis liés aux lunettes. Seulement, elles ne peuvent pas être portées toute la vie : chacun d’entre nous a un “capital lentilles”, soit une durée au-delà de laquelle les yeux ne les supporteront plus.
Enfin, les techniques d'opération au laser s'avèrent très efficaces pour les myopies légères ou moyennes, car elles évitent la dépendance d’un objet (lunettes ou lentilles). Seulement, la myopie peut revenir, à terme. De plus, le laser est contre-indiqué en cas de sécheresse oculaire et d’autres pathologies, mais surtout, il n'est pas toujours réalisable chez les personnes souffrant de myopie sévère.
Quelle est la meilleure opération pour la myopie sévère ?
Pourtant, une autre solution, efficace mais méconnue, existe depuis longtemps ! Testées pour la première fois en Amérique du Sud en 1993, les lentilles implantables arrivent en France en 1997. Cette solution, aussi appelée ICL (lentilles de contact intraoculaires) ou implants phaques, bénéficie donc d’un recul suffisant pour confirmer sa sûreté.
Ces lentilles intraoculaires, fabriquées à partir de matériaux biocompatibles, sont insérées sous la surface de l'œil et traitent les myopies, sévères ou non. Cette solution, réversible, s'avère aussi efficace pour traiter l'hypermétropie, voire pour l’astigmatie et la presbytie. Petit plus : les ICL protègent des UV !
Mais le gros avantage de cette technique, c’est qu’elle fonctionne pour les contre-indications du laser. Elle se démarque donc comme la solution la plus adaptée sur le long terme pour les patients atteints de myopie sévère, pour qui la maladie devient réellement handicapante.
Les lentilles intraoculaires : efficace, rapide et sans risque
Comment se déroule la procédure ? Des examens préliminaires sont nécessaires, pour établir si la myopie est bien stabilisée, et pour effectuer quelques mesures des yeux. En effet, il arrive que certaines conditions rendent l’opération impossible. De plus, le chirurgien s'assure que le patient n'est pas atteint de cataracte.
Le plus souvent effectuée par anesthésie locale simple, l'intervention dure une quinzaine de minutes en tout pour chaque œil. Le chirurgien pratique une petite incision à l'intérieur de l'oeil et la pose de la lentille souple, en trois minutes seulement. Une petite pause est nécessaire avant de passer à l’autre œil, puis le réveil se fait sans douleur. Le patient peut ressentir une petite gène, ou une sensation de buée, pendant quelques heures après la chirurgie, mais n’a pas besoin d’attendre avant de reprendre ses activités.
Il existe un petit risque d’infection à court terme à la pose d'un implant phaque, mais celui-ci est très faible, surtout si l’on suit la procédure. Un suivi post-opératoire est ensuite obligatoire : dans 1 % des cas, la taille de la lentille intraoculaire ne convient pas et il faut l’enlever. La seule complication constatée à long terme est l'apparition de rayons lumineux, la nuit et en cas de fatigue. Mais surtout : les résultats indiquent que 98 % des personnes atteignent une vision nette avec un implant phaque, que l’on peut ensuite garder pendant 30 ans !
Des freins à la généralisation des lentilles implantables
Alors, comment expliquer que cette intervention ne soit pas davantage pratiquée ? Elle est victime d’une grande méconnaissance, particulièrement en France. Cela s’explique surtout par la mauvaise publicité du mot “implant”, assimilé à certaines opérations de chirurgie esthétique à risque dans l’inconscient collectif. Les Français ont aussi tendance à penser que cette opération n’est pas nécessaire, car on parle “d’opérer un œil sain”. Or, c’est faux, car un œil qui voit très mal n’est pas sain.
Quel est le prix d'un implant oculaire ?
Mais une autre barrière, de taille, se dresse devant une possible généralisation de cette opération : son coût. Estimée entre 2 000 et 4 000 euros, elle n’est pas prise en charge par l’Assurance Maladie, qui la considère comme une opération de confort. Quant aux mutuelles, certaines la remboursent à hauteur de quelques centaines d’euros, mais souvent pour un œil par an, ce qui n’est pas évident pour les personnes atteintes de myopie forte. C’est pourquoi certaines associations de patients demandent à ce que la myopie soit reconnue comme une maladie, voire un handicap lorsqu’elle est sévère.
En revanche, les personnes atteintes de cataracte bénéficient d’un avantage : il existe des lentilles implantables spécifiques, qui permettent de traiter en même temps cette affection et la myopie. La technique est légèrement différente, mais l’opération est similaire. Et l'intervention est alors prise en charge par l’Assurance Maladie.