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Pouvoir d’achat (avril 2024) - Les prix se stabilisent enfin

Retour au calme, enfin ! C’est surtout l’électricité qui tire encore les prix à la hausse ainsi que, plus modestement, les complémentaires santé. Les rayons alimentaire et hygiène-beauté, eux, n’augmentent quasiment plus en grande surface, à seulement 1 % en avril par rapport à avril 2023. L’inflation annuelle globale est revenue à un niveau habituel ce mois-ci, avec une hausse de 2,7 %.

Les prix se sont quasiment stabilisés : sur un mois, ils progressent de 0,3 %, à un rythme moins rapide qu’en février et mars. Pour autant, ces chiffres rassurants cachent mal un problème persistant : l’inflation annuelle est au plus bas depuis plus de 2 ans… mais les prix n’ont jamais été aussi élevés !

L’annonce, par le ministère de l’Économie, d’un prochain décret pour lutter contre la « shrinkflation » (« réduflation », en français) arrive donc tardivement. Cette pratique consiste à diminuer la quantité de produit tout en maintenant, voire en augmentant son prix en parallèle, ce qui revient à accroître le prix au kilo, mais de façon difficilement perceptible par le consommateur. Ces pratiques commerciales « sont autorisées », rappelle le ministère, mais elles sont vertement critiquées.

C’est pourquoi Bruno Le Maire et Olivia Grégoire veulent « rendre obligatoire l’information des consommateurs relative à l’évolution à la hausse des prix des produits ayant subi une baisse de quantité », à partir du 1er juillet prochain. Cette information devra figurer en magasin « durant les deux mois qui suivent la date de commercialisation des produits industriels alimentaires et non alimentaires concernés (bouteilles de soda, paquets de riz, lessive ou boîtes de conserve, par exemple), qu’il s’agisse de produits de marque nationale ou de marque de distributeur » et ce, à proximité desdits produits. Les aliments préemballés dont la quantité peut varier (rayon traiteur ou à la coupe) ou vendus en vrac ne sont pas concernés.

Néanmoins, ce décret ne devrait pas être d’une grande efficacité : cette pratique de shrinkflation semble être restée marginale, malgré les quelques cas exposés dans les médias. Nous avions déjà essayé d’y voir clair en 2022, sans pouvoir mettre en évidence de dérive massive, dans une enquête sur plusieurs milliers de produits. La plupart du temps en effet, ces modifications sont accompagnées d’améliorations de recette (comme la suppression d’additifs) ou de changements d’emballage (au profit de matériaux plus recyclables, par exemple).

Difficile dès lors de mettre en évidence une pratique litigieuse : un industriel serait bien inconséquent de laisser l’ancien poids figurer sur un paquet « allégé » ! Quant à répercuter la hausse des matières premières et celle des coûts de production, s’y opposer serait contraire à la liberté de commercer. Enfin, n’oublions pas que ce n’est pas l’industriel seul qui fixe les prix et les volumes, mais qu’il s’agit du résultat d’une négociation avec le distributeur. Ce dernier est informé des évolutions de prix au kilo (ou au litre) et des changements de conditionnement.

Méthodologie

Que Choisir évalue le taux d’inflation mois par mois, à partir de ses propres observations. Pour près de 40 % des dépenses de consommation, nous disposons de données permettant d’évaluer des variations mensuelles de prix, basées sur nos relevés effectués en grandes surfaces (pour l’alimentation, la boisson et l’hygiène-beauté), ainsi que sur les offres tarifaires tirées de nos comparateurs de prix (énergie, carburants, mutuelles, forfaits mobiles, fournisseurs d’accès à Internet, assurances habitation, banques, équipements électroménagers). Chaque prix est ensuite pondéré par la fréquence d’achat et agrégé dans une moyenne générale.

Pour les autres postes de dépenses (loyer, dépenses de logement et de transport, hôtels et restauration, loisirs, habillement et santé), Que Choisir se réfère aux évaluations de l’Insee.

Attention : par convention, les variations de prix sur une période (par exemple pour le mois de mai 2023) sont calculées par rapport à la même période de l’année précédente (le mois de mai 2022). Ceci afin de s’affranchir des mouvements saisonniers des tarifs (par exemple ceux des fruits et légumes, très dépendants de la saison et des conditions de récolte).​​​​​​