4. Peut-on parler d'une installation à risques ?

Des risques d'incendie ou d'explosion très limités.

La production de biogaz est encadrée par une réglementation stricte et nécessite des précautions. Les niveaux de danger et de risques potentiels d'incendie et d'explosion liés au biogaz sont du même ordre, voire moins élevés, que ceux liés au stockage du gaz naturel et du pétrole. 

Potentiellement explosif, le biogaz nécessite des précautions mais peu d'accidents relatifs à son stockage sont survenus en France et ils ont peu de conséquences pour les populations riveraines et pour l'environnement. 

L'accidentologie concerne surtout les stations d'épuration urbaines et peu les installations agricoles. Les risques concernent surtout le personnel qui travaille sur les sites.

Les sites sont dotés de détecteurs de gaz, d'extincteurs, d'une voie d'accès pour les pompiers. Ils sont également équipés d'un dispositif de destruction du biogaz (une torchère par exemple).

Une unité de méthanisation n'est pas plus dangereuse qu'une station essence. La torchère est mise en fonctionnement pour des raisons environnementales et de sécurité lorsqu'il faut détruire le biogaz.

Des risques de fuites sous surveillance.

Lors de la mise en service et de l'exploitation des sites de méthanisation, des diagnostics de fuites de gaz doivent être réalisés pour vérifier qu'il n'y a pas de fuite de méthane. Les suivis actuels d'installations ne relèvent pas de fuites significatives. Une perte existe lors de l'étape de purification du biométhane : 1 à 2 % du gaz peut alors être perdu, sans pour autant que cela représente un risque. Par ailleurs, des améliorations sont en cours pour optimiser le processus.

Des risques liés au digestat sous contrôle.

Le digestat vient souvent se substituer aux engrais de synthèse compte tenu de sa teneur en potasse, en phosphore et en azote ammoniacal. Ce dernier, très efficace sur le plan nutritif, est aussi particulièrement volatile.

Le digestat, composé de matières organiques, est un fertilisant apprécié des cultures.

Les risques de rejet d'ammoniac dans l'air ou dans l'eau sont toutefois maîtrisés grâce à des règles strictes :
• les fosses de stockage de digestat sont couvertes, avec récupération du biogaz résiduel encore produit,
• la qualité agronomique du digestat est contrôlée avant l'épandage.

À cela s'ajoutent les règles applicables à tout épandage de matières organiques : 
• le respect de distances d'isolement par rapport aux cours d'eau et aux habitations,
• des délais minimums avant le retour du bétail sur les prairies épandues,
• des techniques limitant les émissions d'ammoniac, par exemple avec des matériels à rampe munis de pendillards ou de disques pour un enfouissement direct dans le sol,
• le respect des conditions météorologiques favorables (absence de vent, etc.). 

Concernant l'impact sur les sols, les résultats actuels montrent que l'apport de fertilisants organiques par épandage de digestat ou de lisier favorise une augmentation de l'activité biologique des sols. Si un effet négatif peut intervenir sur les vers au moment de l'épandage, les effets à long terme sur les populations de vers sont positifs, sans différences entre un digestat ou un lisier, grâce à l'enrichissement du sol en matière organique. Des recherches en cours et des essais agronomiques régionaux permettent d'améliorer la connaissance du phénomène et d'améliorer encore les pratiques.

L'épandage du digestat par pendillards permet de limiter les émissions d'ammoniac par rapport à un épandage traditionnel en "buse palette".