Amandine Hardy, éducatrice canine au sein de l'association Entrevues, explique comme les chiens guides alertent leur maître, déficient visuel, lorsque des obstacles se dressent sur leur chemin.
Depuis 35 ans, l'ASBL Entrevues s'occupe de la formation de futurs chiens guides, destinés à accompagner au quotidien des personnes déficientes visuelles. L'objectif est, une fois le chien formé, de permettre à ces personnes aveugles ou malvoyantes de retrouver de l'autonomie au quotidien. Comme expliqué dans un long article consacré au sujet, les jeunes chiots sont sélectionnés dans un élevage avant d'être placés, à l'âge de huit semaines, dans une famille d'accueil, bénévole, membre d'Entrevues.
Au fur et à mesure de son parcours de formation, qui durera environ deux ans, le chien apprendra d'abord à se sociabiliser au maximum. Au sein de sa famille d'accueil, il deviendra un membre à part entière, qui accompagnera ses maîtres partout : au supermarché, au travail, dans les transports en commun… Les canidés apprennent ainsi "les règles du bon chien de compagnie" et à être à l'aise dans n'importe quel environnement. Ensuite, le futur guide à quatre pattes entrera dans la deuxième phase de son apprentissage, où pendant six à dix mois, il passera toute la semaine au centre d'Entrevues et ne rentre que le week-end dans sa famille d'accueil.
Au cours de cette étape principale de leur parcours de formation, les chiens apprennent à prévenir leur maître des obstacles qui pourraient se dresser sur leur chemin. Mais comment l'animal communique-t-il avec son humain(e) ? Amandine Hardy, éducatrice canine chez Entrevues, explique cela.
"Tout d'abord, le ou la bénéficiaire du chien guide reste collé à son animal. La personne a appris à tenir son chien en gardant toujours le coude près du corps, ainsi que ses jambes au niveau du postérieur du chien. Ainsi, le chien est toujours un peu devant, ce qui permet de bien le suivre", détaille celle qui travaille chez Entrevues depuis 19 ans. Ensuite, Amandine Hardy explique qu'en fonction des différents types d'obstacles rencontrés par la personne déficiente visuelle, le chien réagit différemment.
En ce qui concerne les obstacles au sol, ils peuvent être latéraux par exemple. Dans ce cas, le chien, qui doit prévoir d'avoir de la place pour passer à deux, doit contourner l'obstacle. L'éducatrice canine développe : "S'il y a moyen de contourner la difficulté en restant sur le trottoir, le chien le fait et la personne déficiente visuelle ne s'en rend même pas compte. Mais si c'est quelque chose d'encombrant qui prend tout le trottoir, comme une voiture stationnée par exemple, le chien doit aller jusqu'à l'obstacle. Il va amener son maître à la bordure du trottoir et contourner l'obstacle par la route puis récupérer le trottoir dès que c'est possible". Que se passe-t-il si l'obstacle en question est en hauteur, et que le chien seul pourrait passer dessous, mais pas avec son maître ? Il contourne également ce qui se dresse sur son passage. En pratique, le chien marque des arrêts quand il doit communiquer une information importante à son maître. "Dès qu'il y a des obstacles descendants, comme une bordure qui descend, le chien s'assied. Si l'obstacle monte, comme un escalier, le chien s'arrête debout. Cela indique à la personne à quoi s'attendre", apprend Amandine Hardy.
Pour apprendre tout cela, le travail est de longue haleine. Et il porte ses fruits ! Le duo Jérôme-Lewis : le Liégeois, déficient visuel, est le maître de Lewis, qui lui a été attribué par l'association il y a plusieurs années maintenant. Ensemble, ils parcourent les rues de Liège et Lewis guide Jérôme notamment jusqu'à son travail. Il est impressionnant de voir comment l'animal montre à son maître où se trouvent les passages pour piétons, zigzague entre les gens,peut prendre un escalator dans le bon sens, désigne où se trouve la porte pour rentrer dans un train ou bus, etc.
source : parismatch.be
© Jean Luc Flemal