l'édito de Christian Prudhomme

Deux capitales mythiques. Deux cités d’exception. Deux villes rivales aussi, à l’occasion. Pouvions-nous rêver plus beau trait d’union, après l’âpre bataille des Jeux Olympiques, qu’un Tour de France reliant Londres à Paris, Big Ben à la Tour Eiffel, Buckingham Palace à l’Arc de Triomphe ?

Nous avions fait la route inverse - et beaucoup plus directe - il y a deux ans, lors de la randonnée cyclosportive célébrant le centenaire de l’Entente Cordiale. L’idée d’un départ à Londres faisait alors son chemin. Dès l’annonce de la candidature anglaise nous avions en effet ressenti une grande fierté ; nous avions été séduits par la force et la ferveur d’une capitale aussi emblématique affirmant avec humilité son désir d’accueillir la Grande Boucle.

À mon arrivée chez Amaury Sport Organisation, j’avais trouvé trace d’un courrier relatant un premier voyage d’étude sur les bords de la Tamise. C’était au début des années 80. Le projet s’était alors perdu dans les limbes. L’hypothèse est aujourd’hui réalité : grâce en soit rendue à Ken Livingstone et à Jean-Marie Leblanc. Le 7 juillet prochain, le Tour s’élancera de Londres pour un Grand Départ qui fera date : le rayonnement et le prestige de la capitale britannique, comme l’enthousiasme et la volonté de nos interlocuteurs anglais nous le promettent déjà.
 
Après l’Angleterre, nous ferons étape en Belgique, où l’amour du vélo est toujours aussi fort et le succès populaire garanti. La 94ème édition de l’épreuve tournera dans le sens des aiguilles d’une montre. Nous plongerons vers les Alpes par la Picardie, l’Yonne, la Bourgogne, l’Ain. Les coureurs aborderont ainsi la montagne dès le premier week-end. Le Tour découvrira Tignes et retrouvera l’Iseran, que la neige et le vent avaient soustrait du parcours - à la toute dernière minute ! - en 1996. Marseille, Montpellier et le Tarn jalonneront ensuite notre approche des Pyrénées, avec un long chrono à Albi, deux semaines précisément après le prologue inaugural.
 
Les difficultés iront crescendo dans les Pyrénées afin de ménager au mieux le suspense. La traversée du massif sera belle et rude. L’Ariège, les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques offriront aux champions les pentes acérées de leurs cols, dont le splendide Plateau de Beille, l’inédit Port de Balès et le redoutable Port de Larrau.
 
L’Aubisque conclura en beauté la trilogie pyrénéenne par une arrivée en son sommet, au-dessus de la station de Gourette - confirmation éclatante de notre volonté d’aller toujours là où le sport nous guide. Restera alors le contre-la-montre d’Angoulême pour départager les favoris avant le final parisien.