le Grand départ de Rotterdam
Le choix de Rotterdam, vaste centre urbain d’un million deux cent mille habitants, s’inscrit dans la droite ligne de l’exceptionnelle entame du Tour à Londres, en 2007.
Le projet proposé, "Rotterdam et le Tour, une énergie nouvelle" nous a séduit ; il s’insère dans une politique globale qui vise à ancrer, plus que jamais, le vélo au cœur de la ville, en s’adossant à la plus grande course cycliste du monde, le Tour de France. Des bords de la Tamise au 1er port d’Europe, la même envie, la même volonté.
En 2010, la Hollande, qui a donné à la bicyclette son surnom de "petite reine", accueillera le Grand Départ du Tour pour la 5ème fois. Un journaliste me demandait récemment pourquoi les Pays-Bas étaient privilégiés par rapport aux autres nations (3 départs "seulement" de Belgique et 2 du Luxembourg, 1 d’Espagne, aucun d’Italie par exemple). Outre une situation géographique qui donne aux organisateurs toute latitude pour tracer le parcours d’ensemble, une (bonne) partie de la réponse tient assurément dans ces quelques lignes, écrites dans L’Équipe en 1954, lorsque la Grande Boucle décida pour la toute première fois de s’élancer hors de ses frontières : " Toute la Hollande semblait s’être donnée rendez-vous sur les routes de Wassenaar, de Delft, de Rotterdam…
Des dizaines et des dizaines de milliers de spectateurs, en rangs serrés, ininterrompus, sur des Km et des Km, applaudissant, acclamant tout ce qui est le Tour, les coureurs, les motards et les voitures qui le suivent ou le précèdent… (Ainsi), de la première étape, ils faisaient un triomphe !" Je ne prendrai guère de risques en affirmant que ces mots préfigurent l’avenir. Une immense fête se prépare déjà, avec tous les Néerlandais, y compris bien sûr nos amis d’Utrecht, eux aussi candidats pour un grand départ. A Rotterdam, entre Rhin et Meuse, le Tour partira les pieds dans l’eau, pour la 3ème fois d’affilée.
Après Brest et l’Atlantique, la Principauté de Monaco et la Méditerranée, voici donc la Mer du Nord, que la traversée de la Zélande nous donnera tout loisir d’admirer. Mais, début juillet 2010, ce sont bien l’enthousiasme et la liesse populaire nés du Tour qui nous submergeront.
Christian Prudhomme, Directeur du Tour de France.
Située dans la province de Hollande, Méridionale, à proximité de la Mer du Nord, sur l’embouchure commune du Rhin et de la Meuse, Rotterdam compte 600 000 habitants et plus d’un million pour l’ensemble de l’agglomération.
2ème ville du pays après Amsterdam, la capitale, c’est le plus grand port d’Europe et l’un des plus importants du monde. Centre industriel, commercial, financier et siège de l’université Erasmus, Rotterdam fut fondée au XIIème siècle près d’un barrage sur la rivière Rotte qui a donné son nom à la ville.
Détruit en 1940 au début de la Seconde Guerre mondiale, le centre-ville a été reconstruit et donne à la ville son caractère moderne.
Les vainqueurs hollandais.
• Jan Janssen.
D’élégantes lunettes de soleil, une stature d’athlète et un air sévère : la panoplie de Jan Janssen avait de quoi impressionner les plus gros rouleurs. Au moment de s’adjuger le titre de champion du monde en 1964, le Hollandais avait déjà commencé à faire sa loi sur les routes du Tour. Avec une poignée de victoires d’étapes en poche, "le Professeur" remportait le maillot vert à 3 reprises (1964, 1965, 1967).
Repéré comme un prétendant légitime sur le Tour 1966, terminé en 2ème position, Janssen a surgi dans le palmarès du Tour en 1968, après s’être posté en embuscade durant les trois semaines de course. Sur le contre-la-montre final, il éclipsait Herman Van Springel, avec la marge la plus réduite à ce stade de l’histoire : 38 secondes.
• Joop Zoetemelk.
En 1970, le règne de Merckx est commencé. C’est aussi la seule année où Janssen roule dans le peloton du Tour avec Zoetemelk. Pour ce passage de témoin qui s’ignore, le jeune Joop fait une entrée remarquée, s’emparant de la 2ème place à l’arrivée… à 12 heures 45 secondes du Cannibale ! S’il a notamment porté le Maillot Jaune après sa victoire dans le prologue de Scheveningen (1973), le rôle d’éternel dauphin reste celui de sa vie. Barré par Merckx, Zoetemelk a ensuite fait les frais du raz-de-marée Hinault. Mais la persévérance a fini par payer : après 5 places de 2ème, il est enfin devenu le " Hollandais de France ", en 1980. De nouveau confronté au "Blaireau", Zoetemelk a mis à profit les années suivantes pour bâtir un record époustouflant : il a bouclé en 1986 son 16ème Tour, sans aucun abandon.