interview de Jean-René Bernaudeau. Manager de l’équipe Bouygues Telecom

Handicapzéro :
Jean-René Bonjour, le Tour de France commence dans quelques jours, comment jugez-vous le parcours 2008 ?

Jean-René Bernaudeau :
Génial, pas de bonification, pas de prologue, il le fallait pour donner de l’enthousiasme, il sera bien.

HZO :
Pour la première fois depuis bien longtemps il n'y aura pas de prologue, est-ce important ?

JRB :
Effectivement, ce type de mesure s'adapte parfaitement aux moments difficiles que vit le cyclisme, cela va donner un enjeu immédiat. Cette première étape s'annonce majestueuse avec une arrivée à Cadoudal haut-lieu du vélo breton.

HZO :
C'est une arrivée difficile ?

JRB:
Très difficile avec un final musclé et une arrivée au sommet de la côte de Cadoudal. L'absence de bonification donnera le maillot jaune au vainqueur de l'étape. Les deux étapes suivantes avec des arrivées à Saint-Brieuc et Nantes seront difficiles à contrôler. Ensuite, le 8 juillet à Cholet sera le premier rendez-vous intéressant avec le premier contre-la-montre très court. (29,5 Km.) Je remercie la Société du Tour de France d'avoir rendu la course plus difficile à contrôler.

HZO :
Vous qui avez été un coureur de haut niveau, quels sont les qualités qu’il faut pour gagner le Tour de France ?

JRB:
Pour gagner la plus grande épreuve sportive du monde, il faut être très doué. C'est quelque chose d'énorme dans la carrière d'un cycliste. Il faut surtout trois choses : le mental, la santé, et plus important que tout, la classe. C'est l'addition des trois qui donne le vainqueur du Tour de France.

HZO :
Dans le cyclisme, on a beaucoup parlé des affaires de dopage, aujourd’hui on a l’impression qu’il y a beaucoup de choses qui sont mises en place, il y a moins de tricheurs, qu’en pensez vous ?

JRB:
L'argent est arrivé à une époque dans tous les sports. Pour moi le dopage est lié à l’argent, il faut bien se le mettre dans la tête. Je considère le dopé comme un voleur. Les instances internationales de tous les sports ont pris des dispositions car tous les sports sont touchés, on en parle moins, mais ça, c’est un autre problème.

Pourquoi ça va mieux aujourd'hui ? Je pense aussi que les sponsors qui font vivre le cyclisme sont plus rigoureux et ne souhaitent pas être associés aux affaires de dopage. On demande plus de comptes aux managers. C'est une vision optimiste et sincère de ma part.

HZO :
Aujourd’hui on a plus de véritables leaders dans le Tour de France, qu’est-ce que ça peut changer ?

JRB:
L’histoire de Voeckler en 2004 est une histoire qui a plu aux gens. Alors dans un cyclisme qui marche bien, le Tour de France a la faculté de fabriquer des vedettes, il est bien qu'on ne connaisse pas le leader de départ. J’aimerais que la vedette des Champs-Élysées 2008 ne soit pas connue. La réalité de cet événement gigantesque est qu’elle fabrique des vedettes à l’image de Voeckler.

HZO :
Votre équipe Bouygues Télécom a-t-elle des objectifs spéciaux dans ce Tour de France ?

JRB:
On est une équipe qui plaît bien aux gens, une équipe qui se bat, qui a de l’ambition et de l’audace. Nos résultats viendront avec ces qualités-là.

HZO :
Vous avez pourtant une équipe très combattive ?

JRB:
Il faut faire plus, on à des années où on avait plus de culot, il faut remettre ça.

HZO : Et vous, comment vivez-vous le Tour en tant que manager, est-ce que vous avez le même stress ?

JRB:
Moi, en tant que manager, mon stress est d’assurer la sérénité de la boîte. C’est ça mon stress.
Il faut que l'équipe marche, qu'elle ne perde pas de sa valeur afin d'assurer la pérennité de notre projet sportif.

HZO :
Le manager que vous êtes se sert-il de son expérience de coureur pour aider l’équipe ?

JRB:
Non, pour ça, il y a des directeurs sportifs, moi je suis là pour assurer la pérennité, que les salaires tombent, il y a une centaine d’emplois en jeu dans ce projet. On vit 100% avec le sponsoring, aucune autre recette, ça c’est mon travail.

HZO :
Avez-vous un favori pour cette année ?

JRB:
Ca ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse c’est que le vélo aille bien. Que le vainqueur puisse être applaudi sincèrement. C’est ça mon favori. Un inconnu ça serait super.

HZO :
Vous êtes sur la même longueur d’ondes que Christian Prudhomme qui nous avait répondu l’année dernière que le vainqueur du Tour soit le vrai vainqueur.

JRB:
On a un point commun avec Christian Prudhomme c’est l’amour du vélo. Nous souhaitons tous un vrai vainqueur. Moi mon but c’est que l’équipe se porte bien. Je ne veux pas applaudir celui qui gagne mais remercier celui qui a travaillé avant, c’est plus valorisant pour lui.

HZO:
Merci Jean-René.

JRB:
Merci à vous aussi. Ce que vous faites est admirable, on a besoin d’être soutenus par tous ceux qui aiment le sport.