l'interview de Sylvain Chavanel

Handicapzéro : Sylvain, nous sommes à quelques semaines du départ du Tour de France, que pensez-vous du tracé 2012 ?

Sylvain Chavanel : on a un tracé avec pas mal de nouveautés, des nouveaux cols que l'on n'a pas l'habitude de monter, avec de forts pourcentages. Je pense que ça ne va pas être facile.

• Le fait que vous courriez dans une équipe belge, avec un départ de Liège, est-ce un challenge supplémentaire ?

Pas forcément, même si c'est important. La dernière fois qu'on est passé en Belgique, c'était une victoire à Spa, j'avais apporté satisfaction à mon équipe. Et j'espère, justement, que l'équipe partira bien de ce départ à Liège.

• Cela doit vous rappeler un bon souvenir, la Belgique.

Oui, j'ai toujours de bons souvenirs, que ce soit sur les classiques ou sur certaines étapes du Tour en Belgique. La Belgique me réussit bien en général, c'est là que j'ai endossé le maillot jaune.

Quelle impression ça fait  de porter le maillot jaune sur le Tour de France ?

Ça fait forcément plaisir. Mais j'ai pris plus de plaisir à lever les bras qu'à porter le maillot jaune. Mais après, porter ce maillot, on s'aperçoit que c'est la vitrine de l'année. Le Tour de France, ça mange toutes les autres courses.

• C'est vraiment la course de l'année, celle où l'on doit assurer ?

On peut louper un début ou une fin de saison et bien marcher que sur le Tour de France, ça sauve votre année.

• Sylvain, êtes-vous plutôt un coureur de course à étapes ou de courses d'un à 2 jours ?

En fait, je suis bon partout, mais je ne suis pas exceptionnel dans un domaine. J'arrive à me débrouiller sur les courses à étape. Je suis arrivé bien classé au classement général sur des Paris-Nice, Dauphiné, des courses d'une semaine. Après mon meilleur classement sur le Tour de France, c'est 19ème. Je sais que je suis capable de faire beaucoup mieux, mais je prends beaucoup plus de plaisir à aller chercher des victoires d'étapes, d'animer la course, que de rester dans un peloton.

• Oui comme vous le faites souvent, vous allez chercher un maillot, qu'il soit à pois, jaune ou un autre ?

J'ai la chance d'avoir porté tous les maillots distinctifs sur le Tour de France donc je sais de quoi je parle et puis on aborde les choses plus sereinement par la suite.

• Et quel est votre objectif, cette année sur le Tour de France ?

J'espère que les circonstances de course seront en ma faveur car après ce sont les coureurs qui font la course. Il peut y avoir des échappées et que ça aille très loin. J'aimerais pouvoir faire partie de ce wagon là. Et après j'aimerai bien gagner une victoire d'étape comme tous les coureurs.

• Lors de mes différentes rencontres avec des coureurs, j'ai eu l'impression que la victoire d'étape marque plus que de porter un maillot. Qu'en pensez-vous ?

Ce qui est important aujourd'hui, quand on négocie un nouveau contrat, c'est de gagner, tout simplement.

• Quel votre meilleur souvenir sur le Tour de France ?

Lors de ma 1ère participation au Tour de France, j'étais l'un des plus jeunes du peloton. Et de faire ce 1er Tour, qui était un rêve d'enfant, restera un souvenir inoubliable car c'était la découverte. Avoir les yeux ébahis, grands ouverts, et de ne pas savoir ce qui m'attendais sur les 3 semaines à venir, ça été quelque chose de vraiment exceptionnel.
Après, ce n'est pas que la routine s'installe, mais aujourd'hui j'en suis à 12, ce n'est plus pareil. Après mes 2 victoires coup sur coup avec le maillot jaune, ça reste le moment fort de ma carrière. J'ai vraiment beaucoup de bons souvenirs, pas mal de place d'honneur sur des étapes en montagne. Mais s'il fallait choisir, ce serait mes 2 victoires.

• Et un mauvais souvenir ?

Je n'ai pas vraiment de mauvais souvenir, mais quelque chose de désagréable. Que toute l'équipe Cofidis ait été sortie, alors que j'en faisais parti, en raison d'un contrôle positif à la testostérone de Moreni. J'étais à l'époque classé 23ème au général et il me restait une étape qui passait à Angoulême, pas loin de chez moi. Je n'ai donc pas pu finir le Tour de France à seulement 3 jours de la fin. Il y a eu des chutes aussi, mais j'ai terminé tous les Tour de France, sauf celui-là.

• Avez-vous un pronostic pour cette année ?

Aujourd'hui, on traverse des années avec de nouvelles têtes, une nouvelle génération. Je pense que ça reste toujours ouvert, même si le vainqueur sortant Cadel Evans sera dur à battre. Mais je vois un Bradley Wiggins avec les contre-la-montre par exemple qui pourrait rivaliser avec Cadel Evans. J'espère qu'il y aura du spectacle entre ces 2 coureurs. Sinon, il y a bien les frères Schleck même s'ils sont moins performants dans les contre-la-montre. Et cette année, il y en a beaucoup. On vient encore d'en voir l'exemple, sur le Tour d'Italie, après 3 semaines de course où c'est le contre-la-montre final qui a départagé les favoris.

• Depuis, 12 ans que vous évoluez dans le cyclisme, vous avez dû côtoyer pas mal de coureurs. Y-en-a-t-il parmi eux qui vous ont impressionné ou marqué ?

Vous savez je suis aussi un professionnel donc dans le milieu il n'y a pas lieu d'être impressionné par les voisins. Des cyclistes ont quand même marqué les années 2000, en particulier Lance Armstrong.

Merci Sylvain et bon Tour de France.