interview de Stéphane Boury

Ancien coureur, le Buxerollois Stéphane Boury est aujourd'hui Commissaire Général Responsable des arrivées d'étapes du Tour de France pour Amaury Sport Organisation.

Bonjour Stéphane, et merci de prendre un peu de temps pour répondre à cette interview.

Vous travaillez pour la société organisatrice du Tour de France depuis une vingtaine d'années, comment avez-vous rejoint A.S.O. et pourquoi ?

J'ai fait une carrière cycliste amateur, j'étais en Équipe de France et quand j'ai arrêté le vélo en 2000, je souhaitais continuer à travailler dans le cyclisme. J'ai eu l'opportunité de rentrer chez A.S.O. par la petite porte je dirais… et petit à petit j'ai gravi les échelons. Je me suis occupé de toutes les autres courses hors Tour De France (Paris/Roubaix ; Paris/Nice ; La Flèche Wallonne) et puis j'ai aussi été au côté de Jean-Louis Pagès sur les arrivées du Tour et je suis devenu depuis 4 ans Responsable des arrivées du Tour.

Quel est votre rôle aujourd'hui en tant que Commissaire général des arrivées d'étape du Tour de France. En quoi consiste votre travail ?

Je coordonne l'ensemble de la logistique pour l'arrivée. Au préalable, je sillonne la France. Christian Prudhomme me donne les candidatures des villes "candidates" pour le Tour et je vais voir la faisabilité et me rendre compte si l'arrivée est possible dans la commune. Par la suite Christian valide les villes d'arrivées pour le Tour suivant et je contacte les villes pour expliquer le cahier des charges, je fais des réunions dans les mairies, dans les préfectures pour valider, ensemble, les dispositifs.

Ça comprend tout : la sécurité, l'endroit où est l'arrivée d'étape ?

Oui tout à fait, le parcours final, le lieu d'arrivée… On a besoin à chaque arrivée d'une salle de presse, de différents parkings pour les différentes familles du Tour que ce soit la caravane, les équipes de presse. Il y a un gros travail de préparation, il faut convaincre les villes que la meilleure solution - car elles ne connaissent pas toute notre logistique et notre manière de travailler - c'est celle que l'on propose. C'est bien rodé et les villes sont compréhensibles par rapport à tout ça.

L'organisation d'une arrivée d'étape en ligne et d'un contre-la-montre est-elle différente ?

Le site d'arrivée est le même mais je dirais l'approche du parcours final peut-être plus tortueux pour une arrivée en contre-la-montre. Pour une étape en ligne on peut imaginer le pire scénario entre guillemets, une arrivée au sprint massif avec un parcours très fluide et pas d'aménagement urbain alors qu'en contre-la-montre individuel les coureurs voient plus le danger qu'un peloton lancé à vive allure… c'est dangereux on ne peut pas faire n'importe quoi.

Avez-vous des faits d'arrivée que vous ont marqués ?

Il y a toujours des arrivées un peu plus compliquées… c'est la logistique qui doit s'adapter au site. On trouve les arrivées en montagne très dures… mais l'arrivée qui m'avait quand même marqué c'était en Suisse à Finhaut-Emosson au barrage. Une arrivée très compliquée, une arrivée très dure avec des paysages magnifiques.

On vous voit l'année dernière "pousser" les coureurs pour qu'ils arrivent tout en haut parce que le parcours avait été rallongé un petit peu… c'était extraordinaire.

Oui c'est notamment à La Planche des Belles Filles. Un très fort pourcentage à l'arrivée et les coureurs arrivaient exténués et puis à petite vitesse…il fallait absolument les pousser pour aller plus loin pour ne pas qu'ils s'arrêtent sur la ligne et pour éviter un bouchon et de bloquer des voitures et d'éventuels autres coureurs qui suivaient. On a poussé les premiers pour libérer la ligne je dirais. On va être obligé de le faire cette année au Col de La Loze parce qu'il y a une arrivée à 18 % dans le final donc les coureurs vont arriver très doucement. Belle arrivée en perspective, avec espérons un beau temps car dans la logistique c'est la seule chose que l'on ne maîtrise pas.

Poitevin d'origine, une arrivée à Poitiers cette année, qu'en pensez-vous ?

J'y pensais depuis très longtemps en allant chercher ma baguette de pain… je passais tout le temps devant la ligne d'arrivée… je me disais elle sera là, elle sera là… un jour viendra. Quand Christian Prudhomme m'a dit "2020 arrivée à Poitiers"… j'étais très content et aussi très fier de pouvoir l'organiser parce que jamais je n'aurais pensé il y a 20 ans quand je suis rentré chez A.S.O. que je serais un jour Responsable des arrivées du Tour. Et le lendemain j'ai la chance aussi que cela se passe devant chez mes grands-parents qui sont à Chauvigny.

Quels sont vos favoris des différents maillots sur ce Tour 2020 ?

J'ai du mal à suivre toute l'année, les cyclistes… Il y aura des surprises je pense, il faudra être attentif aux premières courses. Cette année le Tour fera la part belle aux purs grimpeurs… les colombiens seront devants. Le Tour risque de se jouer au Col de La Loze et le contre-la-montre individuel à La Planche des Belles Filles risque de faire du dégât la veille de l'arrivée.

Merci Stéphane.