présentation de la saison

9 semaines après le sacre de l'ESTAC Troyes, le 22 mai dernier, le championnat de France de Ligue 2 a remis ses compteurs à zéro. 20 clubs sont sur la ligne de départ pour gagner le droit de rejoindre l'élite du football français au terme d'un marathon de 38 journées filmé par les caméras des diffuseurs exclusifs, BeIN Sports et Eurosport, et diffusé sur les terminaux mobiles par Orange.

Antichambre de l'élite et vivier des stars de demain (1 international sur 3 a fait ses débuts à l'échelon inférieur), le championnat de Ligue 2 reste toujours difficile à cerner du fait de son homogénéité et de son exigence. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si aucune équipe reléguée de Ligue 1 n'a réussi à emprunter le fameux "ascenseur" la saison suivante depuis le Stade Malherbe de Caen lors de la saison 2009-2010, les Normands ayant remporté le titre 12 mois après leur relégation. A l'inverse, les surprises sont légion : dauphin de l'ESTAC Troyes en 2014-2015, le GFC Ajaccio a prolongé la récente tradition qui veut qu'un promu venu de National rejoigne l'élite, après le SC Bastia en 2011-2012 et le FC Metz en 2013-2014.

Avant-dernier de Ligue 1 au printemps dernier, le club lorrain s'annonce comme l'un des grands favoris du plateau, malgré une révolution au sein de l'encadrement : un nouveau directeur sportif (le Portugais Carlos Freitas), un nouvel entraîneur (le Belge José Riga) et un recrutement cosmopolite (1 Turc, 1 Letton, 4 Portugais, 1 Espagnol, 1 Zambien et 1 Argentin). Ce melting-pot mosellan pourrait toutefois s'avérer être un cocktail détonnant, d'autant que les hommes clés des 2 montées successives (Métanire, Milan, Nbagokoto ou Lejeune) n'ont pas quitté le navire. A la fin du mois d'août, le FC Metz trônait d'ailleurs en tête du classement avec 2 points d'avance sur son grand rival, l'AS Nancy-Lorraine. Depuis sa relégation à la fin de la saison 2012-2013, le club formateur d'un certain Michel Platini a entrevu la remontée (4ème place puis 5ème la saison passée) sans pouvoir la concrétiser. Entraîneur emblématique de l'ASNL, qu'il avait guidée à la victoire en Coupe de la Ligue en 2006, Pablo Correa pourra compter sur un effectif où se mêlent l'expérience (Youssouf Hadji et Mickaël Chrétien, trentenaires revenus dans le club qui les a formés, mais aussi l'ancien international Benoît Pedretti) et la fougue incarnée par la nouvelle pépite Arnaud Lusamba, tout juste âgé de 18 ans.

Toujours à l'Est, un autre ancien habitué de l'élite a entamé une lente mutation. Propriété de la société Peugeot depuis sa fondation en 1928, le FC Sochaux-Montbéliard est en effet passé sous pavillon chinois (le fabricant de système d'éclairage Ledus) en juillet dernier. Sur le terrain, l'objectif sera toujours la montée, avec comme principale arme l'attaquant vedette Karl Toko Ekambi (14 buts la saison passée), qui a attisé la convoitise de nombre de clubs de l'étage supérieur à l'intersaison. Mais la concurrence des 2 relégués de Ligue 1 pourrait être féroce. Le Racing Club de Lens, miné par des problèmes de trésorerie et contraint de lancer plus de jeunes qu'il ne l'aurait souhaité, s'est renforcé avec l'acquisition du buteur camerounais Christian Bekamenga (18 buts lors de la saison 2013-2014). Poussées par les fervents supporters d'un stade Bollaert-Delelis entièrement rénové en vue de l'Euro 2016, ce qui fait du club l'un des favoris pour le nouveau Championnat des Tribunes mis en place par la LFP, les troupes d'Antoine Kombouaré devraient afficher un visage conquérant et revanchard, même si les Artésiens ont connu un retard à l'allumage (aucune victoire en août). Autre candidat à une place dans l'"ascenseur" entre les 2 divisions, l'Évian TG FC, désormais entraîné par l'ancien magicien du Paris SG et sélectionneur bosniaque Safet Susic, devra toutefois prouver que la relégation a été digérée. Les 4 matchs nuls pour débuter la saison n'ont pas permis de lever rapidement les interrogations sur le niveau réel de la formation haut-savoyarde.

Une fois n'est pas coutume, 3 clubs de la région Île-de-France sont sur la ligne de départ. Champion de National, le Red Star retrouvera ainsi le 2ème échelon national 16 ans après l'avoir quitté, alors qu'il venait notamment de battre le record d'affluence pour un match de Ligue 2 au Stade de France face à l'AS Saint-Étienne (48 010 spectateurs). Créé par Jules Rimet, père fondateur de la Coupe du monde, le mythique club de Saint-Ouen, qui disputera la plupart de ses rencontres à domicile à Beauvais pour cause de non-homologation du stade Bauer, aura à cœur de prouver à ses supporters, dont le président de la République François Hollande, qu'il peut s'installer durablement en Ligue 2. Au Paris FC, les ambitions sont aussi élevées. Adossé au groupe Vinci, le club parisien, nanti d'un budget de 10,5 millions d'euros après avoir terminé juste derrière le Red Star la saison dernière, souhaite devenir le 2ème plus grand club de la capitale derrière l'intouchable Paris Saint-Germain. En recrutant plusieurs éléments rompus à la Ligue 2, tels Alexis Thébaut, Jean-Jacques Pierre ou Khaled Ayari, le PFC espère s'être donné les moyens de ses ambitions. 3ème club francilien en termes de budget, l'US Créteil-Lusitanos n'est certainement pas en reste. Le club du Val-de-Marne, auteur d'un excellent départ (2 victoires et 1 match nul en 3 rencontres), mise sur un effectif homogène malgré la défection de son homme à tout faire, Chiekh N'Doye, parti découvrir la Ligue 1 dans les rangs d'Angers SCO.

D'autres formations pourraient créer la surprise, notamment du côté de la Bourgogne. 4ème la saison passée, grâce notamment à une superbe phase aller, le Dijon FCO sera toutefois désormais attendu. Pour renforcer sa formation, l'entraîneur dijonnais Olivier Dall'Oglio a fait appel à l'expérimenté Frédéric Sammaritano, lequel a choisi de faire le court déplacement depuis Auxerre. Finaliste de la Coupe de France où elle est tombée avec les honneurs face au tout-puissant Paris Saint-Germain, l'AJA vise également le haut du tableau, mais les premiers pas au Stade de l'Abbé-Deschamps (match nul 0-0 contre le Stade Brestois 29, défaite face au Stade Lavallois 2-3) n'ont pas rassuré les supporters icaunais, déjà privés de Ligue 1 depuis un peu plus de 3 ans. Autre outsider à la montée, le Stade Brestois 29, 6ème la saison passée, fonde énormément d'espoirs sur le recrutement du buteur néerlandais Melvin Platje et la présence de vétérans aguerris (Bruno Grougi et Grégory Lorenzi notamment) pour lui faire passer un cap décisif. En ce qui concerne le Havre AC, contraint de céder aux velléités de départ de Mickaël Le Bihan, meilleur réalisateur de Ligue 2 en 2014-2015 (18 buts), sa capacité à titiller les gros du championnat dépendra du rendement des jeunes pousses issues de son illustre centre de formation et de celui des 2 remplaçants attitrés de Le Bihan, Mathieu Duhamel et Ghislain Gimbert, double buteur face au RC Lens (4-0) pour sa première sous les couleurs ciel et marine. Le club doyen, qui a changé de direction à l'intersaison avec l'arrivée de l'industriel américain Vincent Volpe au relais de Jean-Pierre Louvel, a en tout cas parfaitement débuté la saison en devenant le premier leader grâce à un succès face à Bourg en Bresse 01 (1-3).

Le promu bressan, contraint de composer avec un budget prévisionnel réduit (5 millions d'euros, le plus petit de Ligue 2) en plus d'un exil à Gueugnon en début de saison, le temps que le stade Marcel-Verchère soit aménagé pour répondre aux normes, sera le Petit Poucet du plateau. Les hommes du technicien Hervé Della Maggiore, présent dans l'Ain alors que l'équipe bataillait en CFA 2 (le 5ème échelon du football français), viseront la première place… de non-relégable. La relégation hantera forcément le quotidien de plusieurs autres formations. Passé à 2 doigts de la catastrophe alors qu'il visait une remontée immédiate en Ligue 1, l'AC Ajaccio a revu ses ambitions à la baisse, ne souhaitant pas revivre le chemin de croix de la saison passée (17ème place). Habitué à la crispante lutte pour le maintien (16ème en 2011-2012, 17ème en 2012-2013 et 2013-2014), le Stade Lavallois a comblé ses supporters en terminant le dernier exercice dans la première partie du tableau (8ème), mais les Tangos ne baisseront pas la garde. La remarque vaut également pour le Clermont Foot 63 de la technicienne Corinne Diacre et le Valenciennes FC, porté par ses jeunes pousses. Les Chamois Niortais, lesquels ont perdu une partie de leur colonne vertébrale à l'intersaison (Mouhamadou Diaw parti à l'AJ Auxerre, Florian Marin au FC Sochaux-Montbéliard, Kévin Malcuit à l'AS Saint-Étienne) ou sur blessure (Seydou Koné), et le Tours FC de Marco Simone, bien décidé à prouver que ses passages mitigés à la tête de l'AS Monaco puis du FC Lausanne-Sport ne sont que des accidents de parcours, pourraient également être concernés par les affres de la relégation. Dernière équipe sur la ligne de départ, le Nîmes Olympique devra effectuer une course à handicap. Pour son implication dans l'affaire des matchs truqués, le club gardois a en effet écopé de 8 points de pénalité. Les Crocodiles de Toifilou Maoulida devront donc réaliser un exploit pour sauver leur peau.

Avec du suspense à tous les étages et la promesse de voir à l'œuvre quelques futures vedettes du football hexagonal sur des gazons de Ligue 2 de meilleure qualité depuis l'adoption du Championnat des Pelouses, cette saison s'annonce à nouveau riche en événements. Et les spectateurs espèrent bien que le nouveau ballon Uhlsport, bleu glacial et rouge fluo, fera trembler bien des filets sur les terrains français !