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handicaps et éducation sexuelle

Comment faire évoluer les pratiques et permettre aux personnes en situation de handicap, visuel notamment, de s'autodéterminer dans leur vie intime, affective et sexuelle ? C'est la question que posait le dernier colloque de la maison d'édition Mes mains en or.

Fermez les yeux et imaginez un instant… Vous êtes aveugle, à l'âge du collège.
Le cours d'éducation sexuelle vient de commencer. Ce matin, l'infirmière scolaire explique et montre à la classe comment enfiler un préservatif masculin. Ses explications ont beau être claires, n'avez-vous pas du mal à vous représenter ce qu'elle montre ?

"S'il n'y a que l'infirmière qui touche, une telle démonstration ne rime à rien. Bon courage pour vous représenter un pénis, une vulve ou comprendre comment fonctionnent un préservatif ou une serviette hygiénique sans toucher !" alerte Lætitia Castillan, chercheuse en psychologie. Imaginez, alors, qu'elle vous invite, vous seul parce-que handicapé, à toucher. Et ce devant toute la classe. "Bonjour la stigmatisation !" commente la chercheuse.

Installée à la tribune de l'hémicycle de l'hôtel de région, en plein colloque "Éducation, sexualité et handicap" imaginé par Mes Mains en Or, Lætitia Castillan questionne l'accessibilité à l'éducation sexuelle pour les jeunes présentant une déficience visuelle.

À ses côtés, Caroline Chabaud, directrice de la maison d'édition adaptée, relance et ponctue le propos.

"On apprend à faire des bébés, pas l'amour"

En plénière et en ateliers avec des chercheurs, des pairs-aidants, des porteurs de projets et des experts, la réflexion se porte, toute la journée durant, sur les carences de ressources pédagogiques adaptées, les freins et leviers environnementaux ou la mise en place de la charte "Vie affective intime et sexuelle" dans les établissements.

Car lorsque l'on estime qu'éduquer, c'est protéger, le constat de départ n'est pas bon. "L'éducation sexuelle est dans les choux. Les violences sexuelles faites aux personnes atteintes de déficience visuelle sont six fois plus élevées. Et même avant les violences, il y a des difficultés à rentrer dans une vie intime, affective et sexuelle de manière épanouie", poursuit la chercheuse. "On apprend à faire des bébés mais pas à faire l'amour", dira, dans une vidéo projetée en plénière, une jeune fille concernée.

La collection "Les Petits Curieux" de la maison d'édition installée au Palais-sur-Vienne vient de sortir un numéro sur les règles. Consentement, découverte du corps, puberté… les autres thèmes à aborder ne manquent pas. "Les livres adaptés se comptent sur les doigts d'une main", indique l'intervenante. Et ils demandent plusieurs mois de travail.

source : lepopulaire.fr