La Paris Games Week 2024 a été l'occasion de faire le point sur la manière dont le jeu progresse en termes d'inclusivité… Parmi les combats en passe d'être gagnés, il y a l'accessibilité : comment faire en sorte qu'un maximum de gens puissent jouer, même avec un handicap ?
De nombreux jeux proposent aujourd'hui des options d'accessibilités particulièrement pointues, capables d'adapter le jeu pour le rendre jouable au plus grand nombre... Et ça n'est pas qu'une question de matériel. Si PlayStation et Xbox proposent désormais des manettes adaptables à différents handicaps, pour David Tisserand, directeur de l'accessibilité chez Ubisoft, la manière même de concevoir les jeux est cruciale.
ouvrir le jeu vidéo à des gens qui ne pensaient pas pouvoir en faire
"Si on pense à la manette, par exemple : ça va répondre à un problème de dextérité, pour pouvoir interagir avec nos jeux", explique-t-il." Nous, ce qu'on va faire, c'est d'essayer de réduire le nombre de boutons nécessaires pour interagir : si je n'ai qu'une seule main, par exemple, ça va me permettre de ne pas avoir à tenir la manette de façon compliquée. On va s'assurer d'avoir du "control remapping", la possibilité de changer les touches : parce que certaines personnes ne vont pas être capables d'utiliser les boutons gâchettes, donc on s'assure que toutes les actions peuvent être jouées sur les boutons en face, plus facile à appuyer... À côté de ça, il y a énormément de choses qui sont faites, et de plus en plus d'année en année."
De quoi ouvrir le jeu vidéo à des gens qui ne pensaient pas pouvoir en faire, comme l'explique Jérôme Dupire, président de l'association CapGame : "On voit se créer des communautés de joueurs et de joueuses au-delà du handicap : on a toujours eu des communautés de personnes en situation de handicap, mais là on a vraiment des communautés de joueurs et de joueurs, parfois mixtes, parfois non-mixtes. Et tout ça se crée grâce à cette augmentation des performances des jeux en termes d'accessibilité."
"Une personne qui a encore un résidu visuel, je peux vous garantir qu'elle peut finir le jeu"
David Tisserand va même plus loin : pour lui, certains des jeux de l'éditeur Ubisoft, comme le récent "Star Wars Outlaws", peuvent aujourd'hui être terminés par des joueurs aveugles. "Il faut bien sûr faire la différence entre les personnes légalement aveugles, qui ont un résidu visuel, et les personnes totalement aveugles. On fait des choses pour les deux, puisque souvent c'est complémentaire. Donc ça va passer par des lecteurs d'écran, ou des lecteurs de menus, avec une voix synthétique pour lire ce qui est écrit ; on va rajouter un son qui va dire où est l'objectif, et à quelle distance ; on a un "high contrast mode", qui permet un contraste élevé entre le personnage, l'environnement, les ennemis... Là, tout de suite, je ne peux pas vous dire qu'une personne complètement aveugle peut jouer à "Star Wars Outlaws" toute seule. Par contre, une personne qui a encore un résidu visuel, je peux vous garantir qu'elle peut finir le jeu."
Tous deux font le même constat : en moins de dix ans, le jeu vidéo a fait d'immenses progrès. Reste à les faire connaître à tous ceux qui n'osent pas encore franchir le pas.
source : radiofrance.fr