3. Faut-il privilégier certaines matières ?
3.1. Fibres naturelles, artificielles ou synthétiques ?
Il n'existe pas de matière parfaite car toutes ont des impacts sur l'environnement. Cependant, il existe des solutions pour les réduire et favoriser des choix plus responsables.
Par exemple, l'empreinte d'un vêtement peut être largement diminuée s'il est porté sur une longue durée, parce qu'il correspond parfaitement à nos attentes : un pull bien chaud qui ne bouloche pas, une chemise infroissable et dont la couleur ne change pas, un t-shirt tout doux et qui ne se troue pas, un maillot de bain robuste pour nos longueurs à la piscine ou encore une robe qui tombe bien et qui ne bouge pas après plusieurs lavages.
Tout cela va dépendre des propriétés des fibres utilisées et de la qualité de la teinture qui résisteront plus ou moins bien aux lavages et au temps qui passe.
S'il est fréquent de lire que certaines matières sont plus polluantes que d'autres, les études actuelles ne permettent pas de l'affirmer. En effet, pour évaluer l'empreinte écologique d'un vêtement, il est nécessaire d'analyser l'ensemble de ses impacts environnementaux sur tout son cycle de vie et donc de tenir compte, aussi, de la façon dont on l'utilise.
On sait en revanche mesurer précisément certains impacts, comme l'empreinte eau des différentes matières textiles. Mais cet indicateur ne peut pas justifier à lui seul de privilégier une matière plus qu'une autre. En effet, il faut également tenir compte des impacts des microplastiques libérés au lavage par les matières synthétiques ou encore de l'impact carbone.
En savoir plus :
• Infographie : L'empreinte eau d'un t-shirt, disponible sur la librairie en ligne de l'ADEME,
• Infographie : L'empreinte eau d'un jean, disponible sur la librairie en ligne de l'ADEME.
3 grandes familles de matières.
Les matières qui composent nos vêtements peuvent être classées en 3 grandes familles :
• les matières d'origine naturelle : végétales comme le coton ou le lin, ou animales comme la laine,
• les matières d'origine artificielle : transformées chimiquement à partir de matières naturelles comme le Lyocell et la viscose, fabriqués à partir de cellulose de bois,
• les matières d'origine synthétique : fabriquées à base de pétrole, comme le polyester ou l'acrylique.
Quelle est l'empreinte eau des différentes matières ?
Données calculées en m cube par kg pour 1 kg de matières.
• Coton : 58,
• Coton recyclé : 5,38,
• Viscose : 3,86,
• Nylon : 2,31,
• Acrylique : 1,82,
• Polyester : 0,38.
Source : nosgestesclimat.fr
3.2. Toutes les matières passées au crible.
6 conseils pour bien choisir la matière de ses vêtements :
• optez pour des tissus mono-matière pour faciliter le recyclage,
• pour le lin, préférez celui transformé en France ou en Europe,
• choisissez le coton bio ou recyclé,
• parmi les fibres artificielles, privilégiez le Lyocell,
• pour les synthétiques, optez pour le polyester recyclé,
• favorisez les vêtements bénéficiant de labels reconnus ou de certifications vérifiées par des organismes indépendants qui garantissent un moindre impact environnemental.
Le coton.
Cette fibre naturelle végétale est cultivée principalement en Chine, aux États-Unis, au Brésil et au Pakistan, dans des conditions parfois très difficiles pour les travailleurs. Sa culture nécessite l'usage de terres agricoles (34 millions d'hectares de coton ont été cultivés dans le monde en 2022, selon la FAO), d'eau pour l'irrigation, d'engrais et de pesticides, voire de défoliants pour la récolte. Avant d'être utilisées pour fabriquer des vêtements, les fibres de coton nécessitent un prétraitement par flambage, mercerisage, blanchiment et débouillissage, qui consomme de l'énergie, de l'eau et des produits chimiques.
Le coton est une des fibres les plus utilisées pour fabriquer des vêtements. C'est en effet une matière douce, très agréable à porter et qui retient bien l'humidité. Le coton est très apprécié pour les vêtements près du corps.
Le coton représente plus de 40 % de la composition des vêtements. Source : Refashion, Étude de caractérisation des déchets textiles non réemployables en centre de tri, avril 2023.
Le lin et le chanvre.
La France est le premier producteur mondial de lin. Cette culture, qui a besoin d'humidité et d'un climat frais, n'est possible que dans certaines régions (Bretagne, Normandie, Hauts-de France) et dans certains pays (Belgique, Pays-Bas). Le chanvre, en revanche, peut être cultivé partout en France.
Le lin et le chanvre doivent être cultivés en alternance et ne peuvent être plantés qu'une fois tous les 6 ou 7 ans sur la même parcelle.
Leur culture a l'avantage de ne pas demander d'arrosage ni de pesticides.
Après récolte, les plantes sont déposées sur le sol où elles vont se dégrader naturellement (c'est le rouissage). Puis, la paille (60 à 70 % de la plante) est séparée des fibres, qui sont ensuite exportées pour être filées. Un prétraitement (blanchiment) est nécessaire avant de les utiliser pour fabriquer des vêtements.
Les vêtements en lin sont agréables à porter, surtout quand il fait chaud.
Quelques entreprises (marques, filateurs, teilleurs) et des coopératives agricoles françaises cherchent actuellement à développer les textiles en lin et en chanvre ainsi que la valorisation de la paille.
Le lin entre dans la composition de moins de 1 % des vêtements. Source : Textile Exchange.
La laine.
La laine a de nombreux avantages : elle absorbe l'humidité, elle est douce (en particulier la laine mérinos) et elle conserve très bien la chaleur.
Ses impacts environnementaux sont en partie dus à l'élevage, qui participe à l'acidification des sols et des eaux.
• La laine est présente à moins de 5 % dans la composition des vêtements,
• 75 % de la laine dans le monde provient d'Australie.
Source : Refashion, Étude de caractérisation des déchets textiles non réemployables en centre de tri, avril 2023.
Et la laine française ?
La laine des moutons français n'est pas totalement exploitée car il n'existe pas de filière complète de valorisation qui soit rémunératrice (collecte par qualité de laine, préparation intégrant le lavage, utilisation pour différentes applications : rembourrage, habillement, feutre, engrais, etc.). Ainsi, certains éleveurs français ne trouvent pas d'acheteurs pour leurs toisons.
Le collectif Tricolor (collectiftricolor.org), regroupant des éleveurs, des transformateurs et des marques, mène des actions pour développer les filières lainières françaises.
La viscose et le Lyocell.
Fabriquée à partir de la transformation chimique de la cellulose (un des composants du bois), la viscose est largement utilisée dans les chemises et les draps car elle a un faible coût de production.
Cependant, cette matière a de nombreux effets sur l'environnement car elle est fabriquée avec des produits chimiques très toxiques, volatils et nocifs pour la santé.
Autre fibre artificielle, le Lyocell est fabriqué avec une technique qui permet de recycler l'eau et de récupérer le solvant pour les utiliser une nouvelle fois, ce qui réduit fortement ses impacts environnementaux.
La viscose ou le lyocell ne sont présents qu'à hauteur de 6 % dans la composition des vêtements. Source : Refashion, Étude de caractérisation des déchets textiles non réemployables en centre de tri, avril 2023.
Le polyester et l'acrylique.
Les vêtements en polyester sont résistants et infroissables. Ceux en acrylique sont doux, légers et ne gardent pas la chaleur. Fabriqués à partir de composés issus du pétrole, le polyester et l'acrylique font partie des matières plastiques.
Ils ne nécessitent pas de traitement (comme le blanchiment dans le cas du coton) avant l'étape de teinture mais ils sont fabriqués à partir de pétrole, leur confection consomme de l'énergie et ils libèrent des microplastiques lorsqu'ils sont portés et lavés.
Le polyester et l'acrylique sont présents à environ 20 % et 12 % dans la composition des vêtements. Source : Refashion, Étude de caractérisation des déchets textiles non réemployables en centre de tri, avril 2023.
En savoir plus : découvrez les labels recommandés par l'ADEME sur le site agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/labels-environnementaux.